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Précarité : « L’héritage olympique doit aussi être l’occasion de réinventer les politiques sociales »

Les Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de 2024 ont été un succès à tout point de vue, y compris dans leur dimension sociale. Loin des accusations de « nettoyage social », l’action coordonnée entre l’Etat déconcentré, les collectivités locales et les associations a permis de mettre à l’abri de nombreux sans-domicile.
Un travail considérable d’anticipation a été réalisé pour les personnes venant se doucher, se restaurer ou bénéficier d’un accompagnement social dans les centres d’accueil de jour. Avec de la volonté et des moyens, nous pouvons relever collectivement des défis immenses dès lors que l’on anticipe et que l’on agit avec humanité.
Cette parenthèse enchantée de l’action publique ne doit pas masquer une réalité beaucoup plus préoccupante pour les personnes précaires, mais aussi pour la société dans son ensemble. Car rien n’est résolu sur le fond.
Il y a toujours plus de sans-abri dans le pays. Le nombre de places d’hébergement stagne à un niveau historiquement haut. Il y a pourtant encore plus de deux mille enfants à la rue, plus de 4,2 millions de personnes souffrent de mal-logement et la construction de logements sociaux est au plus bas.
Or, la dernière annonce ministérielle en la matière, qui visait à créer dix mille places d’hébergement supplémentaires, a aussitôt été abandonnée sous l’effet du gel des crédits. Sans anticipation des besoins, sans courage politique ni vision d’ensemble des échecs des politiques sociales (aide sociale à l’enfance, justice, jeunesse, emploi, accès au logement, etc.) qui jettent des milliers de personnes à la rue, la France voit inexorablement se recréer des campements et des bidonvilles nombreux, indignes et insalubres.
Il y a toujours plus de consommation de drogue dans le pays. Le dernier rapport de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) montre que la consommation de drogues illicites n’a jamais été aussi élevée en France. Le crack fait des ravages chez les plus précaires, car c’est un stimulant peu cher qui permet de tenir face à la violence de la rue. La communication politique s’arc-boute sur l’enjeu sécuritaire en multipliant les opérations « place nette », qui ne résolvent rien : le prix du gramme de cocaïne n’a pas varié sous l’effet des saisies, tant elle est abondante.
Les enjeux de santé publique ne sont traités que par les représentants locaux de l’Etat et les élus les plus courageux, il faut les saluer car grâce à eux des centaines de personnes accèdent aux soins et parviennent pour beaucoup à réguler leur consommation. Mais, sans vision d’ensemble de la question des addictions en général, des quartiers entiers continueront, l’un après l’autre, d’être soumis aux trafics, et les associations peineront à soigner ceux qui tomberont dans la consommation et en particulier les plus précaires, faute d’ambition sanitaire des politiques publiques.
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